C’est fait. Après des semaines de menaces sur le dépôt d’une motion de censure, le gouvernement présidé par Thierry Santa est tombé suite à la démission des élus indépendantistes de l’UC et de l’UNI. La motion de censure a été abandonnée car il n’était pas du tout certain qu’elle trouve une majorité au congrès, l’Eveil Océanien ayant annoncé qu’il ne suivrait pas…
Une démission pour des motifs faux et fallacieux…
Pour essayer de comprendre les raisons de cette démission, les Calédoniens n’ont eu qu’un communiqué à se mettre sous la dent… avec des explications plutôt laconiques.
« en raison d’un processus de vente de la société Vale NC qui prime les intérêts des multinationales sans considération des aspirations des populations locales, des autorités coutumières et de toutes les forces politiques. »
On croit rêver : accuser implicitement la province Sud (le gouvernement n’ayant rien à voir là-dedans…) de faire le jeu des multinationales, ça sonne faux dans la bouche de ceux qui, au Nord, se sont entendus avec les Suisses de Glencore et les Coréens de Posco. Lesquels sont les gestionnaires effectifs de l’Usine du Nord et de celle de Gwangyang.
De plus, comment faire croire que la vente de Vale NC profite au seul acquéreur Prony Resources alors que l’on prévoit que les intérêts calédoniens passeraient de 5% actuellement à plus de 50% dans le nouveau montage…
« A cela s’ajoute le retard pris dans le vote du budget primitif qui ne sera effectif qu’en mars 2021, trois mois après que les provinces aient adopté leurs budgets propres. »
Ici, nous sommes dans le summum de la mauvaise foi. Tout le monde a bien compris que l’année très particulière que nous venons de traverser a entrainé une baisse de l’activité économique et donc des recettes budgétaires alors que dans le même temps, les dépenses budgétaires ont beaucoup augmenté pour soutenir les secteurs impactés par la crise Covid. Cette situation exceptionnelle, sans précédent, a provoqué un déséquilibre budgétaire important qui rend la préparation du budget 2021 plus ardue.
Quant à jouer sur le fait que les provinces ont toutes voté leur budget a la différence du territoire, c’est vraiment prendre les Calédoniens pour des imbéciles. En effet, les provinces votent traditionnellement leur budget avant le territoire dès lors qu’elles reçoivent l’information de la Nouvelle-Calédonie sur le budget de répartition (une des composantes du budget général de la Nouvelle-Calédonie). Ce qui n’a pas permis le vote du budget général en décembre comme habituellement, c’est que la Nouvelle-Calédonie n’est pas parvenue à boucler son budget propre, du fait de recettes fiscales en baisse…
« Dans cette phase difficile, le gouvernement a éprouvé des difficultés à travailler en collégialité. Une crise de confiance s’est installée au moment où il faut préparer sereinement l’avenir. La dynamique institutionnelle est en panne, le consensus devient de moins en moins la règle. »
Si tout cela était vrai, pourquoi le jour de la démission, le gouvernement a-t-il adopté son débat d’orientation budgétaire 2021 à l’unanimité, malgré la difficulté du contexte ?
« Les discussions entre les formations politiques calédoniennes et l’Etat sont interrompues. »
Certainement, mais le gouvernement calédonien n’y est pour rien et si les discussions sont interrompues, c’est bien parce que les leaders indépendantistes refusent d’y participer…
Une démission largement encouragée par Calédonie Ensemble…
On sait que les arrangements entre UNI-Palika, Calédonie Ensemble et Daniel Goa existent au moins depuis 2015. Après Les contacts très réguliers de Gomés avec Daniel Goa et Pierre Chanel Tutugoro ne sont plus un secret pour personne… Manifestement, les deux élus indépendantistes ont cédé à la séduction du grand manipulateur… car derrière tout ça, contrairement à ce que Goa et Tutugoro pensent, c’est Gomés et Calédonie Ensemble qui font la bonne affaire en se débarrassant de Philippe Germain et en jouant un mauvais tour à l’Avenir en Confiance.
Bien sûr, certains à l’Union Calédonienne et au Palika y voit l’opportunité de se débarrasser de certains élus qui ne conviennent plus ou que quelques ambitieux essaient de remplacer.
Bref, des petites manœuvres qui n’ont rien à voir avec l’intérêt du pays.