Le conflit qui s’est cristallisé sur la cession de l’usine du Sud fait une victime collatérale : la Société Le Nickel. Pour les responsables de l’ICAN et le collectif USUP, il faut accentuer la pression sur la vieille société car « la SLN, c’est l’Etat » selon leurs propres termes…
Cet argument est largement contestable, tant du point de vue de l’actionnariat, que du point de vue de qui bénéficie de son impact économique et social.
L’Etat inexistant dans la SLN et minoritaire dans Eramet
Tout le monde a intégré que la SLN est une filiale d’Eramet qui en est l’actionnaire majoritaire (56%), suivi de la STCPI (34%) qui porte les intérêts des provinces calédoniennes, et de l’industriel japonais Nishin Steel (10%). De fait, l’Etat n’est pas un actionnaire direct de la SLN.
Les partisans de ce slogan « la SLN, c’est l’Etat » s’appuie sur le fait que l’Etat est actionnaire d’Eramet, via l’Agence des Participations de l’Etat (25,66%). Sauf que l’Etat n’est pas l’actionnaire principal d’Eramet, une place qui revient à un acteur privé : la famille Duval avec 37,66% du capital. L’actionnariat d’Eramet est d’ailleurs globalement privé puisqu’il représente 69% du capital de l’entreprise…
Certes, il existe un pacte d’actionnaires entre l’Agence des Participations de l’Etat et la famille Duval pour protéger la société d’une éventuelle OPA, mais il n’en demeure pas moins qu’Eramet est une société privée… Il est inexact de dire que « c’est l’Etat !».
La SLN, une société 100% calédonienne par son impact économique et social…
Créée en 1880, à la fois entreprise minière et métallurgique, la SLN a toute son activité concentrée en Nouvelle-Calédonie. Premier employeur privé du territoire, elle emploie directement 1 900 personnes et contribue à environ 10 000 emplois via la sous-traitance.
Elle distribue annuellement 15 milliards de salaires et verse 5 milliards de cotisations à la Cafat. Elle constitue un pôle d’activité déterminant dans une dizaine de communes de la Grande Terre…
Faut-il en rajouter pour démontrer l’importance de la SLN pour la Nouvelle-Calédonie ? Sans compter les générations de Calédoniens, de toutes origines, qui ont eu leur vie intimement liée à cette société centenaire.
Avec tout cela, il n’est pas honnête de dire que la SLN n’est pas une société d’abord calédonienne et l’argument d’un actionnariat majoritairement extérieur ne suffit pas à le contredire. Surtout lorsque la société concernée perd de l’argent depuis plusieurs années…